sexta-feira, abril 24, 2009

A Grenelle - Henri de Toulouse-Lautrec



Quand j'vois des fill's de dix-sept ans,
Ça m'fait penser qu'y a ben longtemps,
Moi aussi j'l'ai été pucelle,
A Grenelle.
Mais c'est un quartier plein d'soldats,
On en renconte à tous les pas,
Jour et nuit i's'font sentinelle,
A Grenelle.

J'en ai t'i' connu des lanciers,
Des dragons et des cuirassiers,
I's m'montraient à m'tenir en selle,
A Grenelle.

Fantassins, officiers, colons
Montaient à l'aussaut d'mes mam'lons,
I' m'prenaient pour eun' citadelle,
A Grenelle.

Moi j'les prenais tous pour amants,
J'commandais tous les régiments,
On m'app'lait mam' la colonelle,
A Grenelle.

Mais ça m'rapportait que d'l'honneur,
Car si l'amour ça fait l'bonheur,
On fait pas fortune avec elle,
A Grenelle.

Bientôt j'm'aperçus qu'mes beaux yeux
Sonnaient l'extinction des feux,
On s'mirait pus dans ma prunelle
A Grenelle.

Mes bras, mes jambes, mes appas,
Tout ça foutait l'camp, à grands pas.
J'osais pus fair' la p'tit' chapelle,
A Grenelle.

Aujord'hui qu'j'ai pus d'position,
Les régiments m'font eun'pension :
On m'laiss' manger à la gamelle,
A Grenelle.

Ça prouv' que quand on est putain,
Faut s'établir Chaussé'-d'Antin,
Au lieu d'se faire eun'clientèle,
A Grenelle.




A Grenelle
"Aristide Bruant"

1 Comments:

At 2:09 da tarde, Anonymous Cochonfucius said...

Monstre d’azur virevoltant,
Restant à danser bien longtemps
Dans un jardin plutôt barbare,
C’est bizarre.

C’est plein de petits moines noirs,
En promenade on peut les voir,
Puis ils vont chez eux, dare-dare,
C’est bizarre.

Même, on voit des bestiaux volants,
Ce sont des cerfs, ou des élans,
Montant au ciel sans crier gare,
C’est bizarre.

En chantant ce jardin de fous,
Je m’aperçois que, d’un seul coup,
Le vin s’épuise dans la jarre,
C’est bizarre.

 

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